Lisette quitté la plaine Chanson attribué à Duvivier de la Mahautière Haïti vers 1757 Lisette quitté la plaine Moin pèdi bonhè moué; Zié moin semblé fontaine. Dépi moin pas miré toué. Le jou quand moin coupé canne Moin chongé zanmou moué; La nouit quand moin dans cabane, Dans dromi, moin quimbé toué. Dépi moin pédi Lisette Moin pas souchiè calinda; Moin quitté bram-bram sonnette Moin pas batt Bamboula. Quand moin contré lautt négress Moin pas gagné zié pou li; Moin pas souchié travail piess, Toutt qui chose moin mourri. .......... Lisette moin tandé nouvelle To compté bientôt tourné. Vini donc toujou fidelle Miré bon passé tandé, Na pas tardé davantage, To fait moin assez chagrin, Moin tant com’zozo dans cage, Quand yo fait li mouri faim. Traduction Lisette a quitté la plaine J’ai perdu mon bonheur; Mes yeux semblent des fontaines Depuis que je ne te vois plus; Le jour quand je coupe les cannes, Je songe à mon amour, La nuit quand je suis dans mon lit, Dans mon sommeil je te tiens. Depuis que j’ai perdu Lisette, Je ne me soucie plus de la calinda, J’ai quitté ma ceinture à sonnette, Je ne bats plus la bamboula, Quand je rencontre une autre négresse Je n’ai pas d’yeux pour elle Je ne me soucie pas du tout du travail, Tout ce qui est en moi est mort. .......... Lisette j’ai entendu la nouvelle Que tu comptes bientôt revenir, Viens donc toujours fidèle, Voir est meilleur qu’entendre, Ne tarde pas davantage, Tu m’as fait assez de chagrin, Je suis comme l’oiseau en cage, Quand on le fait mourir de faim. au cours des 50 premières années de la colonisation des îles (1620-1660), c’est-à-dire avant l’arrivée de la canne à sucre. C’est ainsi que le tout premier texte littéraire en créole est paru à Saint-Domingue (aujourd’hui Haïti), en 1754. Il s’agit d’une chanson-poème intitulée « Lisette quitté la plaine » due à un Blanc créole dénommé Duvivier de la Mahautière. Ce texte connu un tel succès, traversant même l’Atlantique, que Jean-Jacques Rousseau écrivit une partition musicale pour lui sous le titre de « Chanson nègre ». Tout au long du XVIIIe siècle, l’âge d’or de ce qui était la « plus riche colonie du monde », de Békés écrivirent des chansons, des poèmes et des pièces de théâtre en créole dont la plupart furent perdus durant la guerre de libération menée par Toussaint-Louverture, puis Dessalines. Dans le même temps, des religieux venus de France publièrent des catéchismes en créole dont on ignore s’ils furent réellement utilisés. L’un des plus connus est celui de l’Abbé Goux (1824) pour le créole martiniquais.

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